Cet ensemble a intégré les collections du fonds photographique de la BNF dans le cadre de la Bourse du Talent, qui lui attribué un prix en 2015
"Ombreuse", Montalba, 200cm X 260cm Chloé, la maison percée, 70cm X 50cm Haut-relief, 40cm X 61,6cm Les Orgues, 40cm X 26,6cm Raphaël, rue des Balendras, 40cm X 55cm Tunis, 40cm X 52cm
Côme était dans son yeuse. Les branches s'agitaient, ponts jetés très loin au-dessus du sol. Un léger vent soufflait et le soleil brillait au travers du feuillage. Pour apercevoir Côme, nous devions faire un abat-jour de nos mains. Côme regardait le monde du haut de son arbre : tout, vu de là, était différent. C'était un premier sujet d'amusement. L'allée apparaissait dans une tout autre perspective, et après elle les plates-bandes, les hortensias, les camélias, la table de fer sur laquelle on prenait le café dans le jardin. Plus loin, les chevelures des arbres étaient de plus en plus clairsemées ; les potagers devenaient de petits champs échelonnés, soutenus par des murs de pierre ; le dos de la colline, plus sombre, était couvert d'oliveraies ; derrière, le hameau d'Ombreuse offrait ses toits de brique et d'ardoise ; en bas, on voyait pointer les antennes des bateaux : là se trouvait le port. Tout au fond, c'était la mer, haute sur l'horizon; lentement passait un voilier. Après le café, le Baron et la Générale sortirent dans le jardin. Ils regardaient un rosier, affectant de ne pas accorder à Côme la moindre attention. Ils se donnaient le bras, puis se séparaient pour discuter en gesticulant. Pour ma part, j'allai sous l'yeuse, comme si j'y voulais jouer ; en réalité, je m'efforçais d'attirer l'attention de Côme. Mais lui me gardait rancune et restait là-haut immobile, le regard au loin. Je renonçai à ma tentative et m'accroupis derrière un banc, afin de pouvoir l'observer sans être vu.`